Les scientifiques de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC) ont commencé à plancher sur les résultats du premier questionnaire de la cohorte étudiante de l’université !Ce vendredi 22 mars, E-city tenait son workshop sur les premiers résultats de la cohorte étudiante, avec plus d’une vingtaine de scientifiques et responsables de l’UPEC réunis sur le site André Boulle de la fac de Droit. L’objectif ? Présenter et discuter des premières analyses livrées par des chercheurs et directeurs de services universitaires qui se sont emparés des premiers résultats de la cohorte, produits en collaboration avec notre ingénieure d’étude, Manon Monvoisin, et notre cheffe de projet Ryma Hachi. Aussi établir des recommandations pour ajuster et approfondir le traitement de certains sujets en vue du lancement prochain de la deuxième vague du questionnaire.
Après un rappel de la méthodologie de construction de la cohorte et une présentation des objectifs du wokshop par Ryma Hachi et Manon Monvoisin, scientifiques et experts du comité scientifique de la cohorte ont pris la parole. Sophie Blanchard (Maîtresse de conférences en géographie humaine, Lab’URBA, UPEC) a présenté des pistes d’analyse des trajectoires étudiantes à l’UPEC. Hervé Jami (médecin, UPEC), a mis en regard des premiers résultats avec ses retours de terrain en tant que directeur du Service de santé universitaire, exposant les fragilités et les soutiens dont disposent les étudiant·es de l’UPEC. Myriam Baron (Professeure en géographie humaine, Lab’URBA, UPEC) a, elle, présenté un premier regard expert sur la précarité étudiante à l’UPEC. En dernier lieu, Andrei Szoke (PH) et Franck Schurhoff (PUPH) (INSERM-IMRB, Équipe 15 « Neuropsychiatrie translationnelle », APHP) ont établi un premier état des lieux sur la santé mentale de nos étudiant·es.
Ce travail des chercheurs – dont le workshop était une première étape – permettra de sortir des analyses purement statistiques et de commencer à décrypter les trajectoires et conditions de vie de nos étudiant·es, tant dans leurs études, que dans l’exercice de leurs droits, les difficultés rencontrées et leur équilibre affectif. Quelques éléments à retenir :
- – La précarité étudiante à l’UPEC (20,4 % font part de difficultés financières importantes à très importantes) se situe dans la moyenne nationale.
- – Les étudiant·es de l’UPEC profitent de temps de trajet plutôt réduits (56 % ont des temps de trajet inférieurs à 1 h). Mais ils se distinguent en ce qu’ils travaillent davantage en parallèle à leurs études que la moyenne nationale.
- – Une part des étudiant·es de l’UPEC peut être caractérisée comme une population empêchée, qui a des droits en matière d’accès aux soins et d’aides financières, mais ne les exerce pas.
- – Un tiers des étudiant·es ont grandi à la « campagne », dans un village ou une ville petite ou moyenne, ce qui peut impliquer un isolement géographique par rapport à leurs familles.
- – Les résultats sur la santé mentale des étudiant·es de l’UPEC sont inquiétants et posent la question du dépistage des problèmes psychologiques qu’ils peuvent rencontrer. La moitié des étudiant·es ont eu un épisode dépressif l’année passée et une même part sont atteints par une manie, soit un état d’agitation caractérisé par une exaltation de l’humeur et une hyperactivité psychomotrice permanente. Plus du tiers des étudiant·es présentent une phobie sociale et près de 6 % ont des hallucinations. Mieux comprendre le type de pathologie qui les touche permettra une meilleure prise en charge.
- – Plusieurs compléments d’analyse ont été suggérés. Par exemple, pour mieux identifier les situations de précarité étudiante, il s’agirait de croiser type d’activité rémunérée, difficultés financières rencontrées et niveau de bourse. La santé mentale doit aussi être explorée plus précisément en croisant l’état mental avec des questions sur les troubles du sommeil ou l’alimentation, les substances consommées ou encore les chocs traumatiques survenus.
Les intervenant·es ont souligné unanimement l’intérêt de la cohorte étudiante et sa qualité aussi bien en termes de matériau de recherche qu’en termes de diagnostic pouvant orienter l’action des services de l’université.Des pistes de valorisation de la cohorte ont enfin été évoquées, que ce soit par la recherche scientifique ou la communication interne à l’UPEC (production d’un rapport annuel sur les résultats et organisation d’une journée de restitution à l’attention des étudiants à l’automne 2024). Le lien avec les formations a également été souligné puisqu’un stage en géographie de la santé et un mémoire de recherche en économie de la santé (dirigé par Yann Videau, Erudite, UPEC) sont en cours.
L’équipe d’E-city co-portée par Isabelle Coll et Marcus Zepf, salue l’implication des experts et scientifiques de l’université et soutiendra le travail scientifique désormais engagé sur la cohorte.